mercredi 21 octobre 2009

Histoire de la Chine.

Trois Royaumes (三國, pinyin : Sānguó) désigne une période de l’histoire chinoise commençant en 220 après la chute de la dynastie Han (漢) et se terminant avec l’établissement de la dynastie Jin en 265. Durant cette période, les trois royaumes de Shu (蜀), Wei (魏) et Wu (吳) s'affrontèrent pour la domination de la Chine.
C’est la décomposition de la dynastie Han à la fin du II siècle, dans les dernières décennies. Les eunuques et quelques riches familles usurpent le pouvoir impérial. Le désordre politique engendre inflation, surtaxes, abus de pouvoir, famines, sans parler des catastrophes naturelles qui poussent finalement le peuple à la révolte en 184, sous la férule des Turbans Jaunes et de leur maître Zhang Jiao.
Lorsque l’ambition des eunuques sera brisée, Dong Zhuo, premier ministre des Han usurpera à son tour le pouvoir avant d’être finalement assassiné par son fils adoptif, le redoutable Lü Bu.
Un général du nord, fils adoptif d’un eunuque, nommé Cao Cao, saura profiter de ces troubles pour faire une carrière militaire fulgurante. Après une tentative d’assassinat manquée contre Dong Zhuo (premier ministre), il devra prendre la fuite, mais reformera des troupes et éliminera bientôt Lü Bu (qui a prit le pouvoir) avant de devenir, à la place de l’empereur, le véritable dirigeant en terres du nord : il dictera, brillamment d’ailleurs, la politique du royaume de Wei.
Avant ce qu’on appellera la période des Trois Royaumes proprement dite, l’empire est entré dans une phase de décomposition avancée et s’est fragmenté en de nombreux territoires rivaux : Cao Cao en contrôlera un au centre nord, Yuan Shao, un autre en Chine septentrionale ; Liu Biao est installé au centre, Sun Jian au sud-est ; Liu Zhang et Zhang Lu à l’ouest. Les différents potentats locaux qui se partagent le pays vont alors tantôt s’allier et tantôt s’affronter jusqu’à ce qu’il ne reste plus que trois sphères d’influence relativement stables, aux lendemains de la Bataille de la Falaise Rouge (Chibi zhi zhan), en 208.
Ces trois royaumes sont : au nord, le royaume de Wei, dirigé par Cao Cao ; au sud-est, le royaume de Wu, sous la direction de Sun Quan ; au sud-ouest, le dernier royaume formé est le royaume de Shu de Liu Bei et de son stratège Zhuge Liang.
Ces trois royaumes ont un point commun qui explique leur puissance et leur déclin rapide : ils reposent tous sur la personnalité charismatique de leur fondateur. Ils seront donc tous très affaiblis à leur mort, par le manque de charisme de leur successeur et disparaîtront rapidement.

La bataille de la Falaise rouge (208 ap. JC)

Pour unifier la Chine, Cao Cao (premier royaume), alors Premier ministre des Han, menait des guerres incessantes – et souvent victorieuses - contre ses rivaux. Au cours des années 207 et 208, tout en surveillant les dispositifs militaires du Sud, il attaque Liu Bei (troisième royame). De défaite en défaite, celui-ci est contraint de battre en retraite, et il se réfugie avec son armée à Xiakou (夏口). Zhuge Liang, conseiller de Liu Bei, parvient à convaincre Zhou Yu, général suprême du Sud, de s’allier avec eux pour mieux résister à Cao Cao. Sun Quan (chef du royame Wu le deuxième royaume) donne son accord à cette alliance. Les stratèges du Sud et de Liu Bei usent de stratégies admirables pour contrer les forces de Cao Cao.
Le général Zhou Yu parvient à faire exécuter Cai Mao par Cao Cao, qui le prend pour un traître.
Ainsi, le dirigeant du Nord s’était défait d'un de ses généraux les plus compétents pour les combats navals. Le second génie militaire de l’ère des Trois Royaumes, Pang Tong (龐統), servant de Liu Bei, convainc Cao Cao d’enchaîner ses bateaux afin qu'ils soient plus stables.
Ces ruses allaient provoquer sa défaite à la bataille de Chi Bi (赤壁), la célèbre « bataille de la
Falaise rouge », bataille décisive des guerres des Trois Royaumes, qui opposa, au cours de l’hiver 208, les armées alliées de Sun Quan et Liu Bei, sous le commandement de Zhou Yu, à celles, bien supérieures en nombre, de Cao Cao.
Sun Quan, envoie 30 000 soldats se joindre aux troupes de Liu Bei pour brûler les bateaux de Cao Cao, comme le lui avait suggéré le général suprême. Huang Gai (黃蓋), vaillant guerrier du Sud, fait croire à l'ennemi qu’il souhaitait se rendre. Zhuge Liang invoque les vents du Sud-Est, et lorsque l’unité de Huang Gai met le feu aux navires du Nord par surprise, l’incendie se propage à toute la flotte de Cao Cao, les navires étant attachés et le vent alimentant les flammes. Les troupes alliées de Liu Bei et Sun Quan avaient enfin vaincu Cao Cao, malgré la faiblesse de leurs moyens. Voyant que le feu ardent des bateaux de Cao Cao avait fait rougir la falaise, on l’appela Chi bi (Falaise rouge). Durant cette bataille, les troupes de Zhou Yu, dont la stratégie audacieuse avait permis de remporter la victoire, tuent plusieurs milliers de soldats de l’armée de Cao Cao. La bataille de la Falaise rouge fut la plus écrasante défaite de Cao Cao, qui fut stoppé dans son élan de conquête.
La bataille de la Falaise rouge est un exemple réussi de retournement stratégique majeur : comment l’emporter sur un adversaire plus fort, c’est-à-dire dans un rapport de force disproportionné ? Car la bataille de la Falaise rouge raconte comment les armées de Wu, soient 50 à 60 000 hommes environ, ont pu venir à bout d'une armée estimée entre 200 et 500 000 hommes.
Plus étonnant encore, les grands vainqueurs de cette bataille de la Falaise rouge sont ceux qui y ont pris militairement le moins de risque : Liu Bei et Zhu Ge Liang. La stratégie parfaitement réussie de Zhu Ge Liang consiste comme dit un proverbe chinois « à tuer avec un couteau emprunté », jie dao sha ren, c’est-à-dire à agir et à faire porter le risque d’une entreprise par un autre. L’une des conséquences majeures de cette bataille, la plus surprenante, ce n’est pas qu’elle ait consolidé le royaume de Wu, mais c’est qu’en stoppant l’expansion de Cao Cao, elle ait immédiatement rendu possible l’installation de Liu Bei dans le sud-ouest de la Chine (actuel Sichuan, capitale : Chengdu) pour y fonder en toute sécurité, dans la décennie qui suit, le royaume de Shu. Les historiens considèrent que 12 ans plus tard, soit en 220 ap. J.-C., commence la période des Trois Royaumes proprement dite.


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